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Quels sont les meilleurs alliés pour conserver votre pouvoir d’achat ?

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L’inflation, est-elle temporaire ou persistante ? Cette question, certes très vivante à l’heure actuelle parmi les économistes, concerne aussi chacun d’entre nous. Elle constitue la pierre angulaire de l'évolution des taux d'intérêt, de votre pouvoir d'achat et de vos investissements. En quoi ces éléments sont-ils reliés entre eux ?

Une saine inflation

Qu’entend-on exactement par inflation ? On parle d’inflation en cas de hausse généralisée des prix, et non pas seulement de certains produits. Par conséquent, vous pouvez acheter moins de biens et de services avec le même montant qu’auparavant. 

Comment mesure-t-on cette inflation ? En suivant l’évolution d’un panier de biens (communément appelé « panier de la ménagère »). Chaque produit de ce panier a un prix variant dans le temps. Le taux annuel d’inflation correspond à la comparaison du prix de ce panier d’une année à l’autre. Si, a contrario, le prix du panier baisse, on parlera alors de déflation.  

En théorie, une inflation autour de 2 % sur base annuelle est jugée favorable pour l’économie et constitue l’objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de la Réserve fédérale américaine. Ce niveau reflète une demande en biens et services équilibrée. Toutefois, le panier de la ménagère voit son prix augmenter de 2 %, ce qui entraîne aussi une érosion du pouvoir d’achat.

L’inflation a grimpé en flèche ces derniers mois

L’inflation a grimpé en flèche ces derniers mois pour atteindre 5,3 % aux États-Unis et 3 % en Europe (chiffres d’août 2021). Nous n’avions plus connu de tels niveaux depuis bien longtemps. Pour cela, il faut remonter à 2008, pour voir l’inflation dépasser les 3 %. Depuis lors, elle n’a cessé de baisser jusqu’à avoisiner les 0 %. En octobre 2020, en pleine année corona, le niveau de l’inflation au sein de l’Union européenne était même tombé à - 0,3 % (statistiques Eurostat).

Évolution de l’inflation et du taux des obligations d’État allemandes à 10 ans

202012-WEBSITE-contentvisual-A-BeFr2xSource: Cadelam, Bloomberg

Les banques centrales, moteurs de relance de l’économie

Aussi longtemps que l’inflation demeure faible, les banques centrales peuvent maintenir en toute sérénité leur politique de taux d’intérêt bas, sans risque de surchauffe de l’économie. La Banque Centrale Européenne et la Réserve fédérale américaine ont délibérément maintenu leur taux d’intérêt au plancher pendant un certain temps encore pour stimuler l’investissement et la consommation.

Les banques centrales soutiennent l’économie par des achats d’obligations et des taux d’intérêt bas

En outre, ils disposent également d’une deuxième cartouche pour réactiver le moteur économique : l’injection de liquidités supplémentaires dans l’économie via des achats d’obligations. Ceux-ci combinés à une politique de taux bas sont les deux moteurs permettant de relancer l’économie.

Quid si l’inflation fait son retour ?

On a sérieusement rabattu les cartes ces derniers mois. Qu’elle soit temporaire ou non, l’inflation a grimpé en flèche. Les banquiers centraux doivent désormais trouver le juste équilibre en continuant à soutenir la croissance économique sans toutefois faire bondir les prix. Par conséquent, ils s’apprêtent à resserrer progressivement leur politique monétaire : tout d’abord en réduisant lentement leurs rachats d’obligations, puis en augmentant graduellement les taux d’intérêt.

La BCE et la FED doivent trouver le juste équilibre entre une croissance saine et une inflation maîtrisée.

Toutefois, le taux directeur (c.-à-d. le taux auquel la banque centrale prête de l’argent aux institutions financières) est toujours très bas : autour de 0 % en zone euro et entre 0 % et 0,25 % aux États-Unis. L’argent est donc toujours pratiquement « gratuit ».

L’épargnant, le grand perdant

La combinaison de taux d’intérêt bas et d’une inflation plus élevée ne fait certainement pas l’affaire des épargnants. En effet, l’argent déposé sur un compte d’épargne ne rapporte rien depuis bien longtemps.
Si on rajoute à cela de l’inflation qui va s’attaquer au pouvoir d’achat, l’épargnant est donc doublement perdant !

Ce contexte de taux d’intérêt bas ne fait pas non plus l’affaire des banques. En effet, elles sont tenues de rémunérer les liquidités en comptes d’épargne à 0,11 % (taux d’intérêt belge minimum garanti) alors qu’elles doivent payer un intérêt négatif de -0,5 % à la BCE pour pouvoir y placer ces liquidités en sécurité. Ce taux minimum coûte donc de l’argent aux banques.

Des taux d’intérêt réels négatifs : une aubaine pour les États

Les États sont sans aucun doute les grands gagnants dans un environnement de taux bas et d’inflation modérée. En quoi cette inflation leur est-elle bénéfique ? Ils s’endettent pour financer leurs plans de relance à la suite de la crise sanitaire. Le coût de financement est quasi de 0 %, tandis que l’inflation actuelle s’élève à plus de 3 %. En d’autres termes, la charge des intérêts, c.-à-d. le coût d’emprunt, est inférieure aux avantages générés par les investissements ainsi financés (infrastructures, soins de santé, etc.). C’est ce qu’on appelle un taux d’intérêt réel négatif. Il s’agit donc d’une opportunité pour les États qui peuvent ainsi financer leurs plans de relance économique à moindres frais. Au niveau mondial, de nombreux États procèdent actuellement de la sorte.

Pour les États lourdement endettés, la combinaison de taux bas avec une inflation modérée est une aubaine.

Comment investir pour compenser la perte de pouvoir d’achat ?

Ce qui profite à l’un, en l’occurrence l’État, ne profite pas pour autant à l’autre, à savoir l’épargnant. Ce dernier voit ainsi son pouvoir d’achat s’affaiblir au fil du temps. Comment faire pour le maintenir ? Quel rendement son épargne doit-elle générer pour y parvenir ? Prenons l’exemple d’un capital de départ de 100 000 euros avec un taux d’inflation de 2 %. Ce capital devra générer un rendement de 3 % pour couvrir l’inflation et contribuer à 1 % d’augmentation réelle de pouvoir d’achat.

Simulation de l’évolution d’un capital de 100 000 euros face à une inflation de 2 % avec un rendement de 1, 2, 3, 4 ou 5 %

202012-WEBSITE-contentvisual-B-BeFr2xSource: Delen Private Bank

Comment faire ? Épargner plus ? Investir en obligations ? Ou en actions ? Envisageons les différentes alternatives.

Les liquidités, une option stérile

Des taux d’intérêt de 3 ou 4 %, ce n’est pas pour tout de suite. La décennie de l’après-crise financière de 2008 marque une rupture. Les taux d’intérêt nominaux (sans tenir compte de l’inflation) n’ont eu de cesse de diminuer depuis 2014. Pire encore si l’on tient compte de l’inflation : les taux d’intérêt réels sont négatifs.

Qui privilégie la liquidité et donc la disponibilité immédiate de son argent doit accepter en contrepartie que celui-ci perde de sa valeur. Toutefois, bon nombre de Belges ne jurent encore que par le compte d’épargne. En effet, fin juin 2021, ce ne sont pas moins de 300 milliards d’euros qui dormaient sur les comptes d’épargne belges. Vous avez davantage d’ambition pour votre épargne ? Il vous faudra inévitablement prendre plus de risque en contrepartie d’un rendement potentiel plus élevé à moyen et long terme.

Les obligations, un coussin de sécurité

Les obligations peuvent-elles alors compenser la perte de pouvoir d’achat induite par l’inflation ? Pas vraiment. En 2020, les rendements des obligations d’État à dix ans américaines, britanniques ou allemandes ont atteint leurs plus bas niveaux historiques au point de passer sous le seuil de l’inflation.

Du côté des obligations d’entreprise, ce n’est pas non plus très réjouissant. Là aussi, les coupons sont parfois inférieurs à l’inflation anticipée. Enfin, les obligations à haut rendement (dites « high yield ») ont, elles aussi, subi la même tendance, à niveau de risque inchangé.

Les obligations jouent le rôle de coussin de sécurité dans les portefeuilles en cas de volatilité des marchés.

Mais alors à quoi bon détenir des obligations dans son portefeuille ? À défaut d’offrir un rendement significatif, elles assurent toutefois le rôle essentiel de coussin de sécurité en cas de volatilité.
Les obligations constituent donc un investissement défensif et une protection quand les marchés sont agités.

Les actions, l’actif le plus prometteur

Reste alors l’alternative d’un investissement en actions. Celles-ci offrent une perspective de rendement non seulement grâce aux dividendes générés, mais aussi à l’évolution de leurs cours sur la base de la croissance bénéficiaire des entreprises émettrices. Ce faisant, vous ne devez jamais perdre de vue que ce rendement potentiel supplémentaire comporte une part de risque additionnel : le cours des actions peut fluctuer assez fortement dans le temps. Un horizon de placement suffisamment long et une bonne diversification (des secteurs, des thèmes d’investissement et zones géographiques) sont essentiels pour maîtriser le risque de votre portefeuille.

Évolution sur 30 ans des coupons des obligations d’État allemandes à 10 ans, rendement sur dividendes des actions (Stoxx 600) et inflation

202012-WEBSITE-contentvisual-C-BeFr2xSource: Cadelam, Bloomberg

Ce graphe illustre l’évolution des rendements moyens sur dividendes au cours des trente dernières années, indépendamment de l’environnement macroéconomique. Ils oscillent entre 2 et 5 % , niveau supérieur non seulement à l’objectif d’inflation de 2 %, mais également au rendement des obligations d’État allemandes à 10 ans, depuis 2012.

Le rendement moyen des dividendes oscille entre 2 et 5 %, soit bien au-dessus des 2 % des coupons des obligations d’État allemandes à 10 ans.
Rendement attendu (sur 5 ans) versus rendement historique (sur 20 ans) pour les différentes classes d’actifs

202012-WEBSITE-contentvisual-D-BeFr2xSource: Cadelam, Bloomberg

Quel constat ? Si par le passé, il était possible de faire fructifier son capital en investissant en obligations, désormais, ce n’est plus vraiment le cas. Si vous êtes en quête de rendement au niveau obligataire, il vous faudra alors vous diriger vers les obligations à haut rendement et accepter le niveau de risque qu’elles comportent. À l’heure actuelle, les actions s’avèrent être pratiquement la seule source de rendement et par conséquent, le meilleur allié contre la perte de pouvoir d’achat.

Conclusion

Si les taux d'intérêt restent bas encore pendant un certain temps (comme le prévoient la plupart des analystes) et que l'inflation persiste à un niveau élevé, vous perdrez du pouvoir d'achat, à moins que vous n'investissiez dans des actifs offrant un rendement suffisant. Les liquidités et les obligations pourront difficilement répondre à cet objectif, même si elles jouent un rôle important en tant qu’amortisseurs pour protéger vos actifs en cas de chutes boursières. Pour un rendement attendu décent, les actions restent le choix le plus logique. En tant qu’investisseur, il est dans votre intérêt de prendre en compte le facteur inflation dans la gestion de votre patrimoine et de vous demander si le rendement attendu vous permettra réellement de maintenir votre pouvoir d'achat à long terme.

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