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Le point sur les marchés en vidéo : Ralentissement de l’économie mondiale, une bonne nouvelle ?

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Malgré un 3e trimestre assez mouvementé, les marchés sont plutôt bien orientés depuis le début de l’année. La majeure partie de la hausse des taux est à présent derrière nous et l’économie mondiale commence à montrer les premiers signes de ralentissement. C’est une bonne nouvelle, car cela signifie que l’inflation est en baisse, mais on est encore loin de l’objectif de 2 %. 

Découvrez notre vidéo ou lisez la retranscription ci-dessous.

L’inflation de base baisse, mais elle est encore trop élevée

L’inflation globale baisse, malgré la hausse récente du pétrole. Il en va de même pour l’inflation de base que l’on appelle également « inflation sous-jacente ». Pour rappel, elle correspond à l’inflation globale de laquelle on soustrait les composantes volatiles, à savoir les prix de l’alimentation et de l’énergie.

Cette inflation de base baisse, mais moins rapidement et significativement que l’inflation globale, et ce, particulièrement en Europe. Les marchés ne s’attendent donc pas à un retour autour de 2 % – qui est l’objectif fixé par les banques centrales – avant 2025. 3 % semblerait d’ailleurs plus réaliste à court et moyen terme.

Le marché du travail dans le viseur des banques centrales

Face à l’inflation, les banques centrales américaine et européenne – la Fed et la BCE – restent déterminées à maintenir les taux à un niveau élevé aussi longtemps qu’il le faudra. Peut-être y aura-t-il encore une hausse des taux d’ici la fin de l’année, mais le marché ne s’attend pas à une baisse des taux avant mi-2024.

Les banques centrales prêtent une attention particulière au marché de l’emploi. Car ce dernier est non seulement un indicateur clé de la santé de l’économie, mais aussi un facteur inflatoire. Lorsqu’il est tendu, comme c’est le cas actuellement, le marché du travail exerce une pression à la hausse sur les salaires qui entraînent à leur tour une hausse des prix. C’est ce qu’on appelle la « spirale salaires-prix ». La grève inédite qui sévit actuellement auprès de trois gros constructeurs automobiles américains – dont les salariés réclament une augmentation de salaires de l’ordre de 40 % – en est un bel exemple.

Même si le marché de l’emploi semble moins tendu d’après les tout derniers chiffres aux États-Unis, il reste globalement vigoureux, notamment dans le secteur des services qui représente près de 80 % du marché du travail. On observe des taux de chômage historiquement bas, un nombre important de postes vacants ainsi qu’une forte croissance des salaires.

Les premiers effets de la hausse des taux sur l’économie

Les hausses de taux des banques centrales se traduisent concrètement par un durcissement des conditions de crédit depuis plusieurs mois déjà. Le nombre de crédits plafonne, voire diminue, et même sensiblement au niveau des crédits hypothécaires. La cherté des crédits pèse à présent sur la consommation et l’investissement.

L’objectif de ces hausses est de ralentir l’économie dans une juste proportion : un ralentissement économique trop faible ne ferait pas baisser suffisamment l’inflation et à contrario, s’il est trop significatif, il risquerait d’entraîner l’économie en récession.

Jusqu’à présent, les économies, et en particulier l’économie américaine, se montrent résilientes, et ce, grâce à plusieurs facteurs :

  1. La consommation qui reste soutenue, en partie grâce à la vigueur du marché de l’emploi.
  2. Le pouvoir de fixation des prix de beaucoup d’entreprises qui parviennent ainsi à conserver leurs marges bénéficiaires.
  3. Le décalage entre les hausses de taux et leur impact effectif sur l’économie et l’emploi, qui est souvent de l’ordre de quelques mois. 

 

Les marchés anticipent différents scénarios quant à l'impact des politiques monétaires restrictives dans les 12 prochains mois selon les régions :

  • Aux États-Unis, la croissance ralentit progressivement et devrait « atterrir en douceur », comme souhaité.
  • Ce scénario de soft landing est aussi envisagé pour le Japon qui sort de la déflation et dont la situation économique évolue favorablement.
  • Par contre, le pari de la BCE n’est pas encore gagné en Europe où l’inflation ne baisse pas suffisamment et quelques signes de récession apparaissent déjà, notamment en Allemagne. Une légère récession n’est donc pas à exclure dans les prochains mois.
  • Enfin, la croissance chinoise ne devrait, elle, que ralentir. Cela peut sembler une bonne nouvelle, mais cette perspective est décevante pour un pays habitué à une croissance de loin supérieure à celle des économies développées. L’économie chinoise se révèle de plus en plus en mauvaise posture en raison d’une grave crise immobilière alors que le secteur immobilier représente plus d’un quart du PNB du pays. Le taux de chômage est aussi particulièrement élevé chez les jeunes – de l’ordre de 25 % selon des dernières statistiques peu fiables des autorités chinoises qui ne souhaitent plus communiquer les chiffres à l’avenir. On observe également une baisse de la consommation intérieure et des exportations, conséquence entre autres du ralentissement de la croissance en Occident et de la détérioration des relations commerciales avec les États-Unis.

Marchés financiers : « bad news is good news »

La situation actuelle est assez exceptionnelle : les marchés, qui d’habitude saluent les bons chiffres de croissance, aspirent aujourd’hui à son ralentissement. Car cela entraine une baisse de l’inflation et signifie que la hausse des taux – qui a malmené les cours des actions et des obligations en 2022 – est bientôt terminée. Cette perspective rassure les marchés qui enregistrent des performances positives depuis le 1er janvier tant pour les actions que les obligations.

Les principaux indices actions oscillent entre +4 % et +15 % (en équivalent euros). Le marché américain est en tête, porté à la hausse par le secteur technologique qui bénéficie de l’enthousiasme autour de l’IA et des gains de productivité qu’elle peut générer. Le Japon réalise aussi une performance honorable, grâce entre autres à ses entreprises prometteuses dans le domaine de la robotique et de l’automatisation. Quant au marché européen, il comprend non seulement moins d’entreprises du secteur technologique que l’indice américain, mais il est aussi plus cyclique avec davantage d’entreprises du secteur industriel particulièrement affecté par la conjoncture actuelle. Enfin, en bas de classement, les marchés émergents pâtissent des prestations décevantes de l’économie chinoise.

Les cours obligataires affichent une performance légèrement positive depuis le début de l’année. Cela peut paraître décevant, mais les banques centrales ont dû augmenter les taux plus que prévu pour combattre l’inflation. Ceux-ci ne devraient plus beaucoup augmenter, ce qui est une bonne nouvelle pour le cours des obligations. Et l’autre bonne nouvelle, c’est qu’elles affichent désormais des rendements plus intéressants, constituant ainsi une belle alternative aux actions.

Conclusion

Beaucoup d’incertitudes à l’aube de 2023 se sont entre-temps dissipées : la hausse des taux touche à sa fin et la politique monétaire des banques centrales produits ses 1ers effets sur l’économie. Même si l’objectif d’inflation est encore loin d’être atteint, les économies ralentissent sans être trop sévèrement touchées à ce stade. Dans les semaines et les mois à venir, les marchés resteront évidemment attentifs à l’impact du resserrement monétaire sur l’économie mondiale. Les gestionnaires de Cadelam suivront les prochains chiffres macroéconomiques de près et adapteront les portefeuilles en conséquence. D’autres facteurs notamment géopolitiques sont toujours susceptibles de créer de la volatilité. La prudence, la diversification et un monitoring rigoureux des risques restent donc de rigueur.

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