Actualités Delen

L’euro : un chantier toujours ouvert

|

Comme nous vous l’expliquions il y a peu, l’euro fête cette année ses 20 ans. Et même si c’est un succès, sa construction n’est pas achevée. Plusieurs mesures restent à adopter pour en solidifier les bases, mais elles nécessitent une volonté politique unanime des États membres.

Trois grands chantiers doivent être entrepris afin de renforcer l’euro et d’en faire une monnaie internationale encore plus stable :

Intégration complète des marchés des capitaux et des systèmes bancaires, permettant le développement d’un réseau de centres financiers, qui devrait progressivement, suite au Brexit, prendre le relais de la place de Londres (sans doute Francfort, Paris, Amsterdam et peut-être Luxembourg et Bruxelles).

Instauration d’un système central d’assurance des dépôts bancaires, ce qui rendrait équivalente la garantie des déposants dans toutes les banques européennes. En effet, en cas de stress, les déposants de pays « à risque » tendent à déplacer leur épargne vers des pays « solides ». Ces pays à leur tour doivent reprêter ces liquidités aux pays à risque par le biais du système de compensation des banques centrales de la zone euro (Target). C’est ainsi que la banque centrale allemande est le principal créancier (900 milliards d’euros) de Target, principalement au bénéfice de l’Italie (en dette de 500 milliards d’euros), de l’Espagne (400 milliards d’euros) et de la Grèce (300 milliards d’euros). L’Allemagne, longtemps réticente à un système de garantie commune, pourrait infléchir sa position, comme vient de l’indiquer son ministre des Finances, Olaf Scholz.

Mise en place d’un budget fédéral significatif qui permette de contrebalancer la nécessaire réduction des budgets nationaux en période de crise. C’est en effet la grande leçon de la crise de 2008 et de 2012. Les États les plus faibles se sont trouvés privés tant du levier monétaire (puisqu’ils n’ont plus de devises propres) que du levier budgétaire (vu les contraintes de retour à l’équilibre budgétaire imposées par les traités européens) pour rétablir l’équilibre de leurs économies. Un budget fédéral est dès lors indispensable. C’est d’ailleurs le cas dans les principaux états fédéraux, par exemple aux États-Unis ou en Suisse, où les entités fédérées sont contraintes à l’équilibre tandis que le pouvoir fédéral peut recourir à d’importants déficits budgétaires. La BCE, la Commission européenne et la France soutiennent ce projet ; l’Allemagne et les Pays-Bas font toutefois un barrage idéologique à ce sujet. Ce refus attise cependant les tensions, notamment en Italie, et menace à terme la cohésion de l’union monétaire.

Le renforcement de l’euro et son avenir restent donc à écrire. Mais cela dépendra beaucoup de la volonté et des décisions des différents États. Une affaire à suivre dans les prochaines années.

Restez informé(e)

Vous souhaitez recevoir nos analyses boursières ainsi que les dernières actualités en matière fiscale et juridique ? Delen Expertise, notre lettre d’information numérique, synthétise chaque trimestre toutes les récentes évolutions sous forme d’articles, d’interviews et de vidéos. Abonnez-vous.