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L’exercice d’équilibre entre croissance et inflation

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Alors que l’automne s’installe petit à petit, la morosité n’atteint pas l’économie ni les marchés. Bien évidemment, il reste quelques questions en suspens : les taux vont-ils remonter ? Les marchés ne sont-ils pas trop chers à présent ? Et quel est l’impact des nouvelles réglementations en Chine ?


L’économie redémarre d’un pas vif mais saccadé

La reprise est soutenue et rapide, malgré le ralentissement observé cet été en raison du variant Delta qui a davantage impacté l’Asie de l’Est.

En effet, ce n’est pas tant la demande mais l’offre de biens et services qui s’est retrouvée sous pression, comme en attestent les perturbations observées sur les chaines de valeur : pénurie de main d’œuvre et de matières premières, ralentissement voire mise à l’arrêt de chaines de production, affaiblissement des stocks et hausse des prix notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’automobile ou encore des transports.

Malgré qu’il ait revu ses prévisions légèrement à la baisse, le FMI prévoit une croissance mondiale de l’ordre de 6 % pour 2021 et de 4,9 % pour 2022, soit des taux supérieurs à la période pré-covid !

Politique monétaire : retour à la normale ?

L’inflation est actuellement de 5,3 % aux États-Unis et de 3 % en Europe, soit au-delà de l’objectif de 2 % fixé par les banques centrales. Elle peut paraître élevée, surtout en comparaison avec son niveau en 2020, mais elle est avant tout la suite logique de la reprise économique actuelle. Elle reflète également les problèmes structurels mais probablement temporaires observés sur les chaines d’approvisionnement et de production.

Les regards sont désormais tournés vers les banques centrales. La question n’est plus de savoir si elles vont normaliser leur politique monétaire, mais plutôt quand elles vont le faire. Les avis à ce sujet sont partagés, mais la banque centrale américaine pourrait bien agir d’ici la fin de cette année, et ce, avant la BCE.

Le processus de normalisation se fera progressivement, étape par étape, et s’étalera sur plusieurs années. Dans un premier temps, les banques centrales vont réduire leurs achats d’obligations. Et ce n’est que dans un second temps qu’elles relèveront les taux directeurs. L’enjeu sera pour elles d’agir graduellement afin de ne pas brusquer l’économie. De cela, il faut surtout retenir que la politique monétaire sera encore accommodante, mais elle le sera juste un peu moins.

Les marchés, toujours plus haut ?

Les marchés continuent sur leur lancée de 2020. Depuis le 1er janvier de cette année, l’indice mondial MSCI All Countries World a réalisé une performance de +17 % (sur la base des cours de clôture au 28/09/2021). Le S&P500 et le STOXX Europe 600 sont respectivement à +22 % et +15 %.

Le niveau actuel des marchés peut paraître élevé mais il est justifié :

  • Les entreprises ont publié de très bons résultats au 2ème trimestre. Ces résultats se sont souvent avérés meilleurs que prévu et, à plusieurs reprises, les économistes et analystes ont revu à la hausse leurs prévisions de bénéfices pour 2021 et 2022.
  • La vaccination progresse et écarte ainsi le risque de confinement et donc de ralentissement économique.
  • La politique monétaire des banques centrales reste accommodante, en dépit du processus de tapering qui s’annonce.
  • Le volume d’épargne et de liquidités est conséquent. Il peut être affecté à la consommation ou à l’investissement.
  • Les annonces d’augmentations de dividendes et de rachats d’actions propres vont bon train, ce qui est de nature à rassurer les investisseurs.

Les marchés reflètent donc de bons chiffres économiques ainsi que les attentes soutenues des investisseurs quant à la croissance de l’économie.

La Chine joue les trouble-fête

La bourse chinoise fait en revanche pâle figure face aux indices américains et européens. La Chine entend en effet réguler les entreprises chinoises des secteurs à forte croissance tels la technologie, les jeux vidéo, l’éducation privée, l’immobilier ou encore la santé. Les réglementations de Pékin visent à enrayer les inégalités et assurer une « prospérité commune », mais elles sont lourdes de conséquences pour certaines entreprises chinoises. Aussi, l’ingérence et l’imprévisibilité des autorités chinoises suscitent la méfiance des investisseurs : à quand la prochaine annonce ? Et qui visera-t-elle ? À cela s’ajoutent les craintes quant à la solvabilité d’Evergrande, le géant chinois de l’immobilier. Son éventuelle faillite pourrait avoir des répercussions sur d’autres acteurs tels que des banques, des assureurs et des entreprises de construction. L’histoire n’est pas finie et nous suivons cette actualité de près.

Quelles sont les perspectives ?

En analysant les fondamentaux, nous constatons une reprise économique robuste, des bénéfices d'entreprises sains et des banques centrales compréhensives. Cependant, des perturbations peuvent toujours survenir que ce soit sur la scène géopolitique ou dans le cadre de la crise sanitaire par exemple. On ne peut donc pas exclure un ralentissement temporaire de la croissance qui se remarquera très vite, notamment dans les résultats des entreprises au 3ème trimestre. Faire preuve d’optimisme et de prudence nous semble donc être la bonne stratégie à adopter dans les circonstances actuelles.

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