« L’art nous définit, il révèle notre âme »
- 24 novembre 2025
- Inspired
L’ambiance est joyeuse lorsque nous retrouvons le trio. L’exposition dans le bureau de Bruxelles vient tout juste d’être finalisée, et le résultat est à la hauteur. « Le tableau de Jean Rets est magnifique dans cette salle de réunion », constate Anne-Sophie Delen (responsable Marketing, Art & Interior Projects) en s’installant pour l’entretien. Marie Genicot (art director) acquiesce : « Donner une place d’honneur à la Peinture partagée d’Englebert Van Anderlecht et Jef Verheyen était une excellente idée. » Filips De Ferm (ancien membre de la direction et conseiller artistique) est tout aussi enthousiaste : « Avez-vous vu l’œuvre d’Amédée Cortier dans le bureau près du parking ? À la bonne place. Et celle de Camiel Van Breedam également. L’artiste sera d’ailleurs présent au vernissage. »
Un tourbillon de noms, de dates et de styles traverse la pièce – une évidence pour eux, une immersion vertigineuse dans l’art moderne belge pour nous.
Je n'achète pas une œuvre pour combler un mur vide.
L’art, vecteur d’identité chez Delen
Il y a vingt ans, Filips De Ferm introduisait l’art moderne belge chez Delen. À l’époque, la Banque était encore peu connue en dehors d’Anvers. Passionné d’architecture, de culture et de musique depuis ses 25 ans, Filips y voit alors une opportunité. « J’ai compris que la BRAFA pouvait être le tremplin idéal pour accroître notre notoriété. Un partenariat avec la seule foire d’art nationale nous permettait de toucher notre public cible. »
Les galeries perçoivent rapidement cette nouvelle dynamique et se joignent au mouvement. « Ronny Van de Velde, galeriste et expert mondialement reconnu, a joué un rôle crucial », explique Anne-Sophie. « Pour la Banque, mais aussi pour moi. J’étais encore novice, mais Filips et Ronny m’ont emmenée dans des expositions et des ateliers – une formation extraordinaire. »
En 2010, Ronny Van de Velde propose d’organiser une exposition sur l’art belge des années 1950 et 1960, au sein même de la Banque. Un succès retentissant. « L’enthousiasme était incroyable. L’exposition a fait la une de la presse nationale, avec le nom de Delen en évidence. Mission accomplie », se souvient Filips.
Ce fut le point de départ d’une impressionnante série d’événements artistiques. Anne-Sophie et Filips se remémorent volontiers Museum to Scale, le projet de Ronny Van de Velde où 120 artistes belges exposaient leur œuvre dans une boîte, comme une salle de musée miniature. « Nous en avons présenté quelques-unes dans notre hall d’entrée et à la BRAFA, puis elles ont fait le tour du monde », raconte Anne-Sophie. Stephan Vanfleteren a également exposé à la Banque en Belgique et au Luxembourg, tout comme Serge Van de Put. « Ses petits singes se balançaient dans la cage d’escalier sur des bandes de caoutchouc », ajoute Filips.
En 2021, une rétrospective de 85 ans d’art belge a vu le jour. « Filips et Ronny ont rendu l’art accessible », conclut Anne-Sophie. « Grâce à leur passion et leur expertise, Delen est devenue une référence en matière de partenariat artistique en Belgique. »
L’âme de la Banque
Plutôt que de constituer une vaste collection, Delen Private Bank a choisi de privilégier des partenariats. « Les collaborations créent une dynamique bien plus riche », précise Anne-Sophie. « Elles favorisent un renouvellement et un dialogue constants. »
Les alliances avec des artistes, galeries et musées renforcent l’identité Delen : Ronny Van de Velde, Sofie Van de Velde, Callewaert-Vanlangendonck, le KMSKA, le Mu.ZEE, Denmark, Florian Tomballe, le Musée de la Photographie, La Boverie… la liste est longue et s’étoffe chaque année.
« Pour nos partenaires, nos bureaux constituent une extension de leur espace d’exposition », explique Marie. « Nous leur offrons une vitrine supplémentaire, toujours dans le cadre de projets soigneusement sélectionnés. Car, dans le choix des partenariats, nous voulons rester fidèles à l’ADN de la Banque. »
Anne-Sophie insiste : « C’est un point essentiel. Chez Delen, l’art ne se résume ni à la décoration ni à une stratégie marketing. Il incarne notre identité : l’art nous définit, il révèle notre âme. Nos clients perçoivent la sincérité de notre engagement artistique. Et en partageant cette passion avec eux, nous créons une connexion émotionnelle forte. Il s’agit de liens et d’émotions – bien au-delà de la gestion de patrimoine. C’est ainsi que se forme une véritable communauté, à laquelle clients et collaborateurs ont envie d’appartenir. »
Pour Filips, c’est là que réside la mission sociétale de la politique artistique de Delen : « La Banque veut préserver l’art comme mémoire collective. L’art nous relie au passé et les uns aux autres. Il nous dit : ceci comptait, ne l’oubliez pas. »
Les 5 conseils de l’Art Committee
Les clients, inspirés par nos bureaux, s’interrogent souvent sur la manière d’intégrer l’art chez eux.
Une question importante demeure : comment savoir si cela fonctionne ? Pour Marie, choisir et placer une œuvre relève de l’intuition : « Écoutez votre ressenti. »
Filips est catégorique : « Il n’y a qu’une seule façon de le savoir : en se trompant. »
Quant à Anne-Sophie, elle encourage à expérimenter : « Essayez, créez, osez. Affinez vos goûts en observant attentivement autour de vous. Partez à la découverte : galeries, musées, expositions…Cherchez la confrontation, même si cela demande un effort. Vous verrez votre regard évoluer : ce qui semblait étrange devient soudain captivant et inspirant. Et parfois, une touche d’imperfection peut rendre une œuvre encore plus intéressante. »
Nos trois experts acceptent volontiers de nous livrer quelques conseils.
-
Suivez votre cœur
Marie : « Laissez-vous émouvoir, et non guider. Choisissez une œuvre qui vous touche, vous intrigue ou vous stimule. Une œuvre, même modeste, qui enrichit votre quotidien, est le meilleur des investissements. »
Filips : « Je n’achète pas une œuvre pour combler un mur vide. Je l’achète parce que je ne peux pas m’en empêcher. Si elle me fascine, je la veux. »
-
Laissez l’art s'exprimer
Marie : « Une œuvre ne doit pas forcément se fondre dans le décor. Elle peut provoquer. Réfléchissez à ce que vous voulez faire parler. Une subtile cohérence peut être très puissante. Si les couleurs ou textures d’une œuvre sont reprises dans un meuble, un rideau ou un tapis, l’ensemble devient harmonieux et l’œuvre gagne en présence. »
Anne-Sophie : « Et l’inverse fonctionne aussi. Le contraste peut rendre l’œuvre plus captivante. Trop d’évidence finit par lasser. »
-
Devenez votre propre curateur
Marie : « Donnez une personnalité à l’œuvre, créez un ensemble – par thème, origine, technique, matériau ou histoire – pour qu’elle raconte votre récit. Un wunderwall, un mur artistique ludique et composite, est une manière accessible de combiner des œuvres variées. Cherchez des points communs : format, matière, texture. Même les contrastes peuvent surprendre. Pensez aussi à la dimension tactile : l’alternance entre lisse et rugueux, mat et brillant, ou un jeu de lumière et d’ombre. »
Filips : « Osez déplacer une œuvre, même si elle semble bien placée. Vous lui découvrirez une autre dimension. »
-
Jouez avec l’espace
Anne-Sophie : « L’art dans l’espace guide le regard et façonne l’ambiance. Pour une atmosphère chaleureuse ou luxueuse, en hiver par exemple, privilégiez la matière. Si vous aspirez à la sérénité et à l’introspection, l’art abstrait constitue souvent un choix judicieux. Le figuratif, quant à lui, apportera de la vitalité. Dans la salle à manger, choisissez une œuvre qui invite à la conversation. Dans les toilettes, privilégiez une note d’humour et, dans la chambre à coucher, quelque chose de paisible. »
Marie : « Les couleurs jouent un rôle clé. Les tons sombres apportent calme et profondeur, alors que les teintes vives insufflent légèreté et gaieté. »
Filips : « Il y a un dialogue permanent avec l’espace, au sens propre : je parle à mes tableaux. Et j’espère que mes petits-enfants feront de même. Je leur dis de sourire au tableau. »
-
Pensez pratique
Marie : « Tenez compte de la lumière, des lieux de passage, des matériaux. Une œuvre d’art prend toute sa dimension lorsqu’elle s’intègre aussi de façon fonctionnelle dans l’espace. L’éclairage est crucial : un spot bien placé révèle la texture et la profondeur. Une lumière douce crée une aura chaleureuse. Pour les œuvres encadrées, optez pour un verre musée antireflet de sorte que les reflets n’altèrent pas la perception de l’image. Évitez la lumière directe du soleil, choisissez un verre anti-UV, et éloignez les sources de chaleur, comme les radiateurs et les cheminées. »
Filips : « Choisir le bon cadre est essentiel, mais loin d’être simple. Matière, couleur, relief ou non, avec ou sans passe-partout…c’est un art en soi. Mieux vaut demander conseil à un professionnel. »
Anne-Sophie : « Le cadre ne doit jamais voler la vedette à l’œuvre. À Gand, nous avons remplacé un encadrement massif autour d’une œuvre de Floris Jespers par un modèle minimaliste. L’expérience est devenue tout autre. Imaginez un Rubens dans un cadre différent… Quelle serait alors notre perception de son œuvre ? »