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Jacques Delen, un pilier au service de Delen Private Bank depuis 50 ans

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Jacques Delen a commencé à travailler chez Delen Private Bank il y a 50 ans. Au cours de cette période, il a vu non seulement la Banque, mais aussi le secteur bancaire belge dans son ensemble évoluer de manière significative. Il y a eu un va-et-vient d'acteurs internationaux, des rachats, beaucoup d'évolutions technologiques... Nous vous emmenons dans les coulisses d'une interview avec les médias.

Nous nous entretenons avec Jacques Delen un jeudi en septembre. Deux journalistes du Tijd et de L'Echo ont été invités à la Banque pour une interview exclusive. Ils s'annoncent dix minutes avant l'heure du rendez-vous. « Jacques, ils sont là. Mais vous pouvez aussi attendre l'heure prévue pour vous rendre dans la salle de réunion. » « Non, allons-y tout de suite, nous pouvons commencer", sourit-il d'un air décidé.

D'un pas énergique, il se dirige vers la salle de réunion située de l'autre côté du bâtiment. Nous y rencontrons assez vite le premier journaliste. « Très beaux bureaux ici », s’exclame-t-il en se serrant la main. Jacques lui raconte fièrement comment le bureau a été créé au fil des ans. Il lui montre quelques salons pour le plonger davantage dans l'atmosphère de la Banque. Pendant ce temps, le deuxième journaliste se joint au groupe. « Ma femme et ma fille s'occupent de l'aménagement intérieur et de l'atmosphère dans nos bureaux. Pas seulement ici, mais aussi dans nos sièges à l'étranger. » Il regarde autour de lui et s'imprègne de l'espace. « Très joli », dit-il avant de poursuivre, « vous savez, l'éclairage est la chose la plus importante pour créer une bonne atmosphère. Nos clients parlent ici de leur situation financière, de leur famille et de l'avenir de leur patrimoine. Pour ce genre de conversations, il faut une atmosphère sereine, où l'on se sent écouté et comme chez soi. D'ailleurs, les choses que vous voyez ici ne sont pas toutes coûteuses. Tout l'art consiste à créer un environnement qui apporte le calme par la combinaison de tissus, d'objets et de couleurs. L'argent n'a pas grand-chose à voir là-dedans. »

Nous partons vers la salle où se déroulera l'interview. Les dictaphones sont allumés et les cahiers ouverts. Jacques attend calmement…

Après la vente de Degroof Petercam, vous êtes la dernière banque privée familiale belge en Belgique. The last man standing. Que pensez-vous de cette vente ?

Degroof Petercam a en effet été rachetée cet été par le groupe français Crédit Agricole. Degroof a toujours été un acteur de qualité. Il est dommage qu'une banque belge de plus soit rachetée par un acteur étranger, car le secteur a besoin d'un pouvoir de décision en Belgique. Lorsqu'une banque est rachetée par un acteur étranger, le pouvoir de décision est presque toujours transféré à l'étranger, ce qui est regrettable. Cela ne sert pas et ne renforce pas l'économie belge, car la valeur ajoutée créée par l'entreprise disparaît souvent. En revanche, le Crédit Agricole développera et soutiendra la banque, ce qui aura également un impact positif sur l'économie belge. Nous sommes toujours favorables aux acteurs puissants sur le marché, car ils renforcent le secteur bancaire dans son ensemble, ce qui profite à tout le monde, non seulement aux autres banques, mais aussi aux clients.

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Vous fêtez cette année vos 50 ans d'activité dans le domaine de la banque privée. Ce n'est pas la première fois qu'une banque étrangère rachète une banque privée belge ?

C'est vrai, et c'est même surprenant car la Belgique est un pays compliqué pour un acteur étranger. Nous sommes petits, nous sommes complexes, nous avons plusieurs langues nationales et le système fiscal est unique en Europe. Pourtant, les banques belges sont achetées par des acteurs étrangers, ce qui ne veut pas pour autant dire qu'ils investissent massivement dans les activités belges. Cela fait 50 ans que je suis dans le secteur bancaire, cela fait 30 ans que j'entends des acteurs étrangers dire qu'ils veulent investir dans le segment du private banking en Belgique avec l'objectif de devenir les plus grands. Je n'ai jamais vu cela se produire. Je soupçonne qu'ils sous-estiment souvent la complexité de notre pays et qu'ils ne la découvrent qu'au fur et à mesure. Ils sont tous restés relativement petits ou sont repartis.

Quel sera, selon vous, l'impact de cette fusion ?

Je ne pense pas qu'elle entraînera de profonds changements à court terme. Les changements à long terme dépendront de la stratégie et des investissements mis en œuvre.

Avez-vous envisagé de racheter Degroof Petercam ?

Nous ne sommes pas restés passifs, non. Tout le monde s'observe dans le secteur. Nous aurions pu les racheter, nous disposons de la marge de manœuvre nécessaire, mais cela aurait-il été judicieux ? La croissance est toujours à l'ordre du jour de notre stratégie, mais nous sommes très prudents dans le choix de la partie avec laquelle nous nous engageons. Nous choisissons des entreprises qui ont une culture et des services similaires aux nôtres. Degroof Petercam offre une gamme de services beaucoup plus large, tandis que nous choisissons délibérément une offre efficiente. Lorsqu'il y a plus de différences que de similitudes, la fusion manque alors d'authenticité. Il ne faut jamais être trop ambitieux. Notre objectif est de poursuivre notre propre chemin.

L'accompagnement des clients va bien au-delà de la gestion de portefeuille. - Jacques Delen

En effet, vous ne proposez que de la gestion discrétionnaire ?

C'est exact, nous n'abordons pas nos clients avec une panoplie de choix. Nous travaillons avec huit profils de risque adaptés à l'horizon temporel et à la tolérance au risque du client. Tout cela est strict et bien cadré. Un portefeuille adapté à chaque client me semble plutôt être un argument commercial qui n'est pas totalement fondé et qui n'apporte pas de valeur ajoutée au client. Avant tout, nous voulons que nos clients profitent de la croissance économique mondiale à venir. Et ce n'est pas en le plongeant dans diverses aventures économiques que l'on y parvient. Bien entendu, nous investissons également dans des tendances telles que l'intelligence artificielle. Mais nous n'allons pas développer des fonds thématiques autour de cela. Nous n'aimons pas prendre des paris. Nous ne visons pas non plus les clients pour qui la bourse est un hobby, mais plutôt ceux qui n'aiment pas investir eux-mêmes ou qui ne savent pas comment s'y prendre et qui cherchent une personne de confiance sur du long terme. Dans la banque privée, ce n'est pas le portefeuille mais la relation avec le client qui est privée.

Delen Private Bank veut-elle continuer à se développer ?

Certainement dans des pays comme les Pays-Bas, par exemple, mais nous nous développons également depuis des années en Belgique. En 1990, Delen détenait une part de marché de 0,5 %. Aujourd'hui, elle se situe entre 10 et 12 %. Nous nous sommes beaucoup développés en 30 ans. Principalement grâce au bouche-à-oreille, qui est un gage de confiance. Et ce n'est pas fini. Nous continuons à nous développer, alors pourquoi ne pas essayer d'atteindre une part de marché de 15 % ?

Pouvez-vous encore acquérir de nombreuses entreprises en Belgique ?

Nous nous développons en Belgique en ouvrant davantage de bureaux. Au cours des dix dernières années, nous avons ouvert 11 nouveaux sièges. Cela semble aller un peu à l'encontre de la tendance, car de nombreuses banques ferment des bureaux, mais nous pensons que la proximité est cruciale. Nous accompagnons souvent nos clients au-delà de la gestion de leur portefeuille. Les jeunes clients se demandent où ils en sont financièrement et comment réaliser efficacement leurs projets. Les clients plus âgés, qui envisagent doucement de prendre leur retraite, se posent principalement des questions sur le transfert de leur patrimoine à la génération suivante ou sur le maintien de leur niveau de vie. Pour toutes ces conversations, nous les accueillons dans nos bureaux. C'est pourquoi nous tenons à ce que nos clients n'aient pas à faire plus de 30 minutes de route pour se rendre dans une siège de Delen Private Bank. Ce mois-ci, une nouvelle agence ouvrira ses portes à Charleroi et nous souhaitons également renforcer notre présence à Bruxelles.

Les acquisitions de ces dernières années semblent prouver que la croissance est presque la seule façon de survivre dans le secteur du private banking en Belgique.

Ceux qui ne se développent pas luttent en effet pour survivre sur le marché belge de la banque privée. Les réglementations, par exemple, augmentent les coûts fixes. Si vos revenus restent les mêmes, vous obtenez rapidement un déséquilibre. Il est vrai qu'il faut une taille critique minimale. Mais je pense que les éléments sont souvent confondus. Pour cela, il n'est pas important d'être grand ou de croître davantage. Votre envergure dépend de votre degré d'efficacité. Et pour survivre efficacement, la barre est souvent placée plus bas qu'on ne le pense.

Cela fait 50 ans cette année que vous travaillez dans le secteur bancaire belge. Comment avez-vous vu le secteur évoluer ?

Le secteur s'est évidemment beaucoup professionnalisé au fil du temps. La numérisation, le renforcement de la réglementation, la segmentation de l'offre, l'individualisation et l'adaptation au client. Il y a eu sans aucun doute plus d'attention sur ces points. Mais si vous l'analysez, ces évolutions sont principalement des outils et des moyens pour servir toujours mieux le client. Et chacun le fait à sa manière.

Que pensez-vous du bon d'État lancé par le ministre van Peteghem ?

En tant que banque, nous n'avons pas été touchés par cette mesure. Nos clients investissent en vue d’obtenir des rendements à long terme et ils n’étaient pas dans l’attente de ce produit puisqu’ils étaient déjà investis depuis longtemps. Le bon d'État à un an n'est donc pas une alternative à leurs choix actuels. Que les épargnants recherchent une alternative plus durable au compte d'épargne, je le crois certainement. Et à cet égard, il est intéressant de constater que des épargnants qui n'avaient peut-être jamais pensé à investir entrent aujourd'hui en contact avec une forme ou l’autre d'investissement. Les livrets d'épargne rapportent toujours très peu.

Monsieur Delen, vous avez maintenant 74 ans. Pensez-vous parfois à prendre votre retraite ?

Je ne suis plus CEO depuis 9 ans. Je suis maintenant président du conseil d'administration. Nous avons un très bon comité exécutif, et mon fils et ma fille sont également dans la Banque depuis longtemps - l'avenir est donc assuré. Je ne me penche plus sur toutes les décisions, mais je suis ici tous les jours parce que... (il réfléchit un instant) j'aime être ici. La porte de mon bureau est toujours ouverte et je remarque que beaucoup de gens y entrent encore. (il sourit)

Un bref silence s’ensuit. Les journalistes consultent leurs notes. « Je crois qu'on a tout », dit l'un d'eux. L'autre acquiesce. Nous les raccompagnons jusqu'au hall d'entrée et les remercions chaleureusement pour cette agréable rencontre. Jacques semble un peu plus détendu qu'avant l'interview....

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